Page:Hugo - La Légende des siècles, 2e série, édition Hetzel, 1877, tome 1.djvu/253

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Tous s’arrêtent.
Le duc et sa troupe se rangent.
L’homme à couronne royale fait face à la tour. La fanfare cesse.
HUG, parlant à la tour.

Ouvre-moi.Je suis roi d’Arle aux verts coteaux,
Et j’ai pour fiefs Orange et Saint-Paul-Trois-Châteaux ;
À quiconque me brave on sait ce qu’il en coûte,
Et je m’appelle Hug, fils de Boron. Écoute,
Homme de ces monts, toi qui fais de l’ombre ici.
Je ne te vois pas, maître obscur du burg noirci ;
Mais derrière ton mur, tu songes ; je te parle.
Tu n’es pas sans avoir entendu parler d’Arle,
Dont l’aïeul est Priam, car sur nos monts chenus,
Avant les Phocéens, les Troyens sont venus ;
Arle est fille de Troie et mère de Grenoble,
Isidore la nomme une ville très-noble,
Et Théodoric, comte et roi des goths, l’aima.
Les Français ne l’auront jamais. Gênes, Palma,
Mayorque, Rhode et Tyr sont mes ports tributaires,
J’ai le Rhône, et l’Autriche est une de mes terres.
Arle est riche ; à la Diète elle achète des voix ;
Les califes lui font de précieux envois ;
Elle reçoit par mer les dons de ces hautesses,
Les odeurs d’Arabie, et les délicatesses
De l’Asie, et telle est la beauté de ses tours
Qu’elles attirent l’aigle et chassent les vautours.
Mon sceptre est salué par cent vassaux, tous princes.