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LA VISION

Et le premier esprit cria : Fatalité !
Le second cria : Dieu ! L’obscure éternité
Répéta ces deux cris dans ses échos funèbres.


Ce passage effrayant remua les ténèbres ;
Au bruit qu’ils firent, tout chancela ; la paroi
Pleine d’ombres, frémit ; tout s’y mêla ; le roi
Mit la main à son casque et l’idole à sa mitre ;
Toute la vision trembla comme une vitre,
Et se rompit, tombant dans la nuit en morceaux ;
Et quand les deux esprits, comme deux grands oiseaux,
Eurent fui, dans la brume étrange de l’idée,
La pâle vision reparut lézardée,
Comme un temple en ruine aux gigantesques fûts,
Laissant voir de l’abîme entre ses pans confus.


*


Lorsque je la revis, après que les deux anges
L’eurent brisée au choc de leurs ailes étranges,