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« Rayon d’astre, soyez moins lourd pour lui, brin d’herbe ;
« Ce qui d’abord est gloire à la fin est fardeau.

« Vous êtes au-dessus de tous, et cela gêne ;
« Quiconque veut briller vous sent comme un affront,
« Tant Valence, Graos, Givrez et Carthagène
« Font d’éblouissement autour de votre front.

« Tel mot, qui par moments tombe de vous, fatigue
« Son Altesse à la cour, à la ville, au Prado ;
« Le creusement n’est pas moins importun, Rodrigue,
« De la goutte d’orgueil que de la goutte d’eau.

« Je ne dis pas ceci pour vous, Cid redoutable.
« Vous êtes sans orgueil, étant de bonne foi ;
« Si j’étais empereur, vous seriez connétable ;
« Mais seulement tâchez de faire cas du roi.

« Quand vous lui rapportez, vainqueur, quelque province,
« Le roi trouve, et ceci de nous tous est compris,
« Que jamais un vassal n’a salué son prince,
« Cid, avec un respect plus semblable au mépris.

« Votre bouche en parlant sourit avec tristesse ;
« On sent que le roi peut avoir Burgos, Madrid,