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« L’air de vous annoncer quand vous marchez derrière,
« Et de vous suivre, ô Cid, quand vous marchez devant.

« Vous regardez fort mal toute la servidumbre.
« Cid, vous êtes Bivar, c’est un noble blason ;
« Mais le roi n’aime pas que quelqu’un fasse une ombre
« Plus grande que la sienne au mur de sa maison.

« Don Ruy, chacun se plaint : — Le Cid est dans la nue ;
« Du sceptre à son épée il déplace l’effroi ;
« Ce sujet-là se tient trop droit ; il diminue
« L’utile tremblement qu’on doit avoir du roi. —

« Vous n’êtes qu’à peu près le serviteur d’Alphonse ;
« Quand le roi brise Arcos, vous sauvez Ordonez ;
« Vous retirez l’épée avant qu’elle s’enfonce ;
« Le roi dit : Frappe ! Alors, vous Cid, vous pardonnez.

« Qui s’arrête en chemin sert à demi son maître ;
« Jamais d’un vain scrupule un preux ne se troubla ;
« La moitié d’un ami, c’est la moitié d’un traître ;
« Et ce n’est pas pour vous, Cid, que je dis cela.

« Enfin, et j’y reviens, vous êtes trop superbe ;
« Le roi jeta sur vous l’exil comme un rideau ;