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C’est là qu’était le Cid. Le ciel, la solitude,
Et l’ombre, environnaient sa grandeur d’infini.

Quand Santos arriva, Ruy, qui sortait de table,
Était dans l’écurie avec Babieça ;
Et Santos apparut sur le seuil de l’étable ;
Ruy ne recula point, et le roi s’avança.

La jument, grasse alors comme un cheval de moine,
Regardait son seigneur d’un regard presque humain ;
Et le bon Cid, prenant dans l’auge un peu d’avoine,
La lui faisait manger dans le creux de sa main.


VI


Le roi Santos parla de sa voix la plus haute :
— « Cid, je viens vous chercher. Nous vous honorons tous.
« Vous avez une épine au talon, je vous l’ôte.
« Voici pourquoi le roi n’est pas content de vous :

« Votre allure est chez lui si fière et si guerrière,
« Que, tout roi qu’est le roi, son Altesse a souvent