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Et jamais ne trouva leurs âmes inégales
Au danger, quel qu’il fût, quand il fallait mourir.


V


Ruy Diaz de Bivar est leur plus belle gerbe.
Dans un beau train de guerre et de chevaux fougueux,
Don Santos traversa leurs villages, superbe,
Avec le bruit d’un roi qui passe chez des gueux.

On ne le suivit point comme on fait dans les villes ;
Nul ne le harangua, ces hommes aux pieds nus
Ayant la nuque dure aux saluts inutiles
Et se dérangeant peu pour des rois inconnus.

— Je suis l’ami du roi, disait-il avec gloire ;
Et nul ne s’inclinait que le corrégidor ;
Le lendemain, ayant grand soif et voulant boire,
Il dit : Je suis l’ami du Cid Campéador.

Don Santos traversa la plaine vaste et rude,
Et l’on voyait au fond la tour du fier banni ;