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Le fisc, quand il leur fait payer leur redevance,
Leur fait l’effet du roi qui leur tend son chapeau.

Les rayons du grand Cid sur leurs toits se répandent ;
Il est l’auguste ami du chaume et du grabat ;
Car avec les héros les laboureurs s’entendent ;
L’épée a sa moisson, le soc a son combat.

La charrue est de fer comme les pertuisanes ;
Les victoires, sortant du champ et du hallier,
Parlent aux campagnards étant des paysannes,
Et font le peuple avec la gloire familier.

Ils content que parfois ce grand Cid les arrête,
Les fait entrer chez lui, les nomme par leur nom,
Et que, lorsqu’à l’étable ils attachent leur bête,
Babieça n’est pas hautaine pour l’ânon.

Le barbier du hameau le plus proche raconte
Que parfois chez lui vient le Cid paisible et franc,
Et, vrai ! qu’il s’assied là sur l’escabeau, ce comte
Et ce preux qui serait, pour un trône, trop grand.

Le barbier rase bien le héros, quoiqu’il tremble ;
Puis, une loque est là pour tous ceux qui viendront ;