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Alphonse a pour maîtresse une fille assez laide,
Et qui, par cela même, on ne sait pas pourquoi,
Fait tout ce qu’elle veut de la raison du roi,
Au point qu’elle en pourrait tirer des choses sages ;
Cette fille a-t-elle eu quelques mauvais présages ?
Ou bien le roi du peuple entend-il la rumeur ?
Est-il las des héros qu’il a faits par humeur ?
Finit-il par trouver cette gloire trop plate ?
Craint-il que tout à coup une guerre n’éclate
Qui soit vraiment méchante et veuille un vrai héros ?
Le certain, c’est qu’après le combat de taureaux
Son Altesse un dimanche a dit dans la chapelle :
— Ruy Diaz de Bivar revient. Je le rappelle.
Je le veux. — Ils sont là plus d’un esprit subtil ;
Pourtant pas un n’a dit : mais le Cid voudra-t-il ?
N’importe, il plaît au roi de revoir ce visage.

Pour éblouir le Cid, il charge du message
Un roi, l’homme entre tous vénéré dans sa cour,
Son vassal, son parent, le roi d’Acqs-en-Adour,
Santos-le-Roux, qu’on nomme aussi le Magnanime,
Parce qu’étant tuteur d’Atton, comte de Nîme,
Il le fit moine, et prit sa place, et confisqua
Ses biens pour les donner au couvent de Huesca.