Page:Hugo - La Légende des siècles, 2e série, édition Hetzel, 1877, tome 1.djvu/170

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Roi, cela fendrait des pierres
Et toucherait des voleurs
Que de si fermes paupières
Versent de si sombres pleurs !

Sous toi l’Espagne est mal sûre
Et tremble, et finit par voir,
Roi, que ta main lui mesure
Trop d’aunes de crêpe noir.

J’ai reconnu, car vous êtes
Le sinistre et l’inhumain,
Des amis dans des squelettes
Qui pendaient sur le chemin.

J’ai, dans les forêts prochaines,
Vu le travail des bourreaux,
Et la tristesse des chênes
Pliant au poids des héros.

J’ai vu râler sous des porches
De vieux corps désespérés.
Roi, de lances et de torches
Ces pays sont effarés.