Page:Hugo - La Légende des siècles, 2e série, édition Hetzel, 1877, tome 1.djvu/151

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Je sens vos ruses sans nombre ;
Oui, je sens tes trahisons.
Moi pour le bien, toi pour l’ombre,
Dans la nuit nous nous croisons.

Je te sers, et je m’en vante ;
Tu me hais et tu me crains ;
Et mon cheval t’épouvante
Quand il jette au vent ses crins.

Tu te fais, tristes refuges,
Adorer soir et matin
En castillan par tes juges,
Par tes prêtres en latin.

Roi, si deux et deux font quatre,
Un fourbe est un mécréant.
Quant à moi, je veux rabattre
Plus d’un propos malséant.

Quand don Sanche est dans sa ville,
Il me parle avec hauteur ;
Je suis un bien vieux pupille
Pour un si jeune tuteur.