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IV

LE ROI


 
Il était là, superbe, obscur, inabordable ;
Par moments, il bâillait, disant : quelle heure est-il ?
Artabane son oncle, homme auguste et subtil,
Répondait : Fils des dieux, roi des trois Ecbatanes,
Où les fleuves sacrés coulent sous les platanes,
Il n’est pas nuit encor, le soleil est ardent,
Ô roi, reposez-vous, dormez, et cependant,
Je vais vous dénombrer votre armée inconnue
De vous-même et pareille aux aigles dans la nue.
Dormez. Alors, tandis qu’il nommait les drapeaux
Du monde entier, le roi rentrait dans son repos,
Et se rendormait, sombre ; et le grand char d’ébène
Avait, sur son timon de structure thébaine,
Pour cocher un seigneur nommé Patyramphus.
Deux mille bataillons, mêlant leurs pas confus,
Mille éléphants portant chacun sa tour énorme,
Suivaient, et d’un croissant l’armée avait la forme ;
L’archer suprême était Mardonius, bâtard ;
L’armée était nombreuse à ce point que, plus tard,