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Et devant eux couraient, libres et sans liens,
Ces grands chevaux sacrés qu’on nomme Nyséens.
Puis, commandés chacun par un roi satellite,
Venaient trente escadrons de cavaliers d’élite,
Tous la pique baissée à cause du roi, tous
Vêtus d’or sous des peaux de zèbres ou de loups ;
Ces hommes étaient beaux comme l’aube sereine ;
Puis des prêtres portaient le pétrin où la reine
Faisait cuire le pain sans orge et sans levain ;
Huit chevaux blancs tiraient le chariot divin
De Jupiter, devant lequel le clairon sonne
Et dont le cocher marche à pied, vu que personne
N’a le droit de monter au char de Jupiter.
Les constellations qu’au fond du sombre éther
On entrevoit ainsi qu’en un bois les dryades,
Tous ces profonds flambeaux du ciel, ces myriades
De clartés, Arcturus, Céphée, et l’alcyon
De la mer étoilée et noire, Procyon,
Pollux qui vient vers nous, Castor qui s’en éloigne,
Cet amas de soleils qui pour les dieux témoigne,
N’a pas plus de splendeur et de fourmillement
Que cette armée en marche autour du roi dormant ;

Car le roi sommeillait sur son char formidable.