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Avait deux épieux, bons à la chasse aux panthères ;
Ils habitaient jadis sur le fleuve Strymon.
Les Abrodes avaient l'air fauve du démon,
Et l'arc de bois de palme et la hache de pierre ;
Les Gandars se teignaient de safran la paupière ;
Les Syriens portaient des cuirasses de bois ;
On entendait au loin la flûte et le hautbois
Des montagnards d'Abysse et le cri des Numides
Amenant, du pays où sont les Pyramides,
Des chevaux près desquels l'éclair est paresseux ;
Ceux de Lydie étaient coiffés de cuivre, et ceux
D'Hyrcanie acceptaient pour chef de leur colonne
Megapane, qui fut prince de Babylone ;
Puis s'avançaient les blonds Miliens, studieux
De ne point offenser les démons ni les dieux ;
Puis ceux d'Ophir, enfants des mers mystérieuses ;
Puis ceux du fleuve Phta, qu'ombragent les yeuses,
Cours d'eau qui, hors des monts où l'asphodèle croît,
Sort par un défilé long et sinistre, étroit
Au point qu'il n'y pourrait passer une charrette ;
Puis les Gours, nés dans l'ombre où l'univers s'arrête ;
Les satrapes du Gange avaient des brodequins
Jusqu'à mi-jambe, ainsi que les chefs africains.
Leur prince était Arthane, homme de renommée,
Fils d'Artha, que le roi Cambyse avait aimée
Au point de lui bâtir un temple en jade vert.
Puis venait un essaim de coureurs du désert,
Les Sagastes, ayant pour toute arme une corde.