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L’empereur joint un don splendide et triomphant ;
C’est un grand chariot plein de jouets d’enfant ;
Isora bat des mains avec des cris de joie.

Le nonce, retournant vers celui qui l’envoie,
Prend congé de l’enfant, et, comme procureur
Du très-victorieux et très-noble empereur,
Fait le salut qu’on fait aux têtes souveraines.

« Qu’il soit le bienvenu ! Bas le pont ! bas les chaînes !
Dit le marquis ; sonnez, la trompe et l’olifant ! »
Et, fier de voir qu’on traite en reine son enfant,
La joie a rayonné sur sa face loyale.

Or, comme il relisait la lettre impériale,
Un corbeau qui passait fit de l’ombre dessus.
« Les oiseaux noirs guidaient Judas cherchant Jésus ;
Sire, vois ce corbeau, » dit une sentinelle.
Et, regardant l’oiseau planer sur la tournelle :
« Bah ! dit l’aïeul, j’étais pas plus haut que cela,
Compagnon, que déjà ce corbeau que voilà,
Dans la plus fière tour de toute la contrée