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Vivent, bien entourés de murs et de ravins ;
Et l’enfant a cinq ans et l’aïeul quatre-vingts.

L’enfant est Isora de Final, héritière
Du fief dont Witikind a tracé la frontière ;
L’orpheline n’a plus près d’elle que l’aïeul.
L’abandon sur Final a jeté son linceul ;
L’herbe, dont, par endroits, les dalles sont couvertes,
Aux fentes des pavés fait des fenêtres vertes ;
Sur la route oubliée on n’entend plus un pas ;
Car le père et la mère, hélas ! ne s’en vont pas
Sans que la vie autour des enfants s’assombrisse.

L’aïeul est le marquis d’Albenga, ce Fabrice
Qui fut bon ; cher au pâtre, aimé du laboureur,
Il fut, pour guerroyer le pape ou l’empereur,
Commandeur de la mer et général des villes ;
Gênes le fit abbé du peuple, et, des mains viles
Ayant livré l’état aux rois, il combattit.
Tout homme auprès de lui jadis semblait petit ;
L’antique Sparte était sur son visage empreinte ;
La loyauté mettait sa cordiale étreinte
Dans la main de cet homme à bien faire obstiné.