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Le vrai champ enfin s’offre aux puissantes algèbres ;
L’homme vainqueur, tirant le verrou des ténèbres,
Dédaigne l’Océan, le vieil infini mort.
La porte noire cède et s’entre-bâille. Il sort !

Ô profondeurs ! faut-il encor l’appeler l’homme ?

L’homme est d’abord monté sur la bête de somme ;
Puis sur le chariot que portent des essieux ;
Puis sur la frêle barque au mât ambitieux ;
Puis, quand il a fallu vaincre l’écueil, la lame,
L’onde et l’ouragan, l’homme est monté sur la flamme ;
À présent l’immortel aspire à l’éternel ;
Il montait sur la mer, il monte sur le ciel.

L’homme force le sphinx à lui tenir la lampe.
Jeune, il jette le sac du vieil Adam qui rampe,
Et part, et risque aux cieux, qu’éclaire son flambeau,
Un pas semblable à ceux qu’on fait dans le tombeau ;
Et peut-être voici qu’enfin la traversée
Effrayante, d’un astre à l’autre, est commencée !