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Au-dessus des tyrans l’histoire est abondante
En spectres que du doigt Tacite montre à Dante ;
Tous ces fantômes sont la liberté planant,
Et toujours prête à dire aux hommes : « Maintenant ! »
Et, depuis Padrona Kalil aux jambes nues
Jusqu’à Franklin ôtant le tonnerre des nues,
Depuis Léonidas jusqu’à Kosciuzko,
Le cri des uns du cri des autres est l’écho.
Oui, sur vos actions, de tant de deuil mêlées,
Multipliez les plis des pourpres étoilées,
Ayez pour vous l’oracle, et Delphe avec Endor,
Maîtres ; riez, le front coiffé du laurier d’or,
Aux pieds de la fortune infâme et colossale ;
Tout à coup Botzaris entrera dans la salle,
Byron se dressera, le poëte héros,
Tzavellas, indigné du succès des bourreaux,
Soufflettera le groupe effaré des victoires ;
Et l’on verra surgir au-dessus de vos gloires
L’effrayant avoyer Gundoldingen, cassant
Sur César le sapin des Alpes teint de sang !