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ZIM-ZIZIMI.

Son nom est sur Babel, la sublime masure ;
Son sceptre altier couvrait l’espace qu’on mesure
De la mer du couchant à la mer du levant ;
Baal le fit terrible à tout être vivant
Depuis le ciel sacré jusqu’à l’enfer immonde,
Ayant rempli ses mains de l’empire du monde.
Si l’on eût dit : « Nemrod mourra, » qui l’aurait cru ?
Il vivait ; maintenant cet homme a disparu.
Le désert est profond et le vent est sonore.


le quatrième sphinx




Chrem fut roi ; sa statue était d’or ; on ignore
La date de la fonte et le nom du fondeur ;
Et nul ne pourrait dire à quelle profondeur
Ni dans quel sombre puits, ce pharaon sévère
Flotte, plongé dans l’huile, en son cercueil de verre.
Les rois triomphent, beaux, fiers, joyeux, courroucés,
Puissants, victorieux ; alors Dieu dit : « Assez ! »

Le temps, spectre debout sur tout ce qui s’écroule,
Tient et par moments tourne un sablier où coule
Une poudre qu’il a prise dans les tombeaux
Et ramassée aux plis des linceuls en lambeaux,