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ÉVIRADNUS.

Que vos têtes, ô rois des crimes et des trames,
Laissant sous l’ongle noir se débattre vos âmes. »

Ils se regardent, fous, brisés, courbant le front,
Et Zéno dit à Joss : « Hein ! qu’est-ce que c’est donc ? »

Joss bégaye : « Oui, la nuit nous tient. Pas de refuge.
De quelle part viens-tu ? Qu’es-tu, spectre ?

De quelle part viens-tu ? Qu’es-tu, spectre ? — Le juge.

— Grâce ! »

Grâce ! » La voix reprend :

Grâce ! » La voix reprend « Dieu conduit par la main
Le vengeur en travers de votre affreux chemin ;
L’heure où vous existiez est une heure sonnée ;
Rien ne peut plus bouger dans votre destinée ;
L’idée inébranlable et calme est dans le joint.
Oui, je vous regardais. Vous ne vous doutiez point
Que vous aviez sur vous l’œil fixe de la peine ;
Et que quelqu’un savait dans cette ombre malsaine
Que Joss fût kayser et que Zéno fût roi.
Vous venez de parler tout à l’heure, pourquoi ?
Tout est dit. Vos forfaits sont sur vous, incurables,
N’espérez rien. Je suis l’abîme, ô misérables !