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LA LÉGENDE DES SIÈCLES.

Et l’homme, et que le dos monstrueux des griffons
M’emportait au milieu des nuages profonds ;
Mais, n’importe, j’arrive, et votre audace est rare,
Et j’en ris. Prenez garde à vous, car je déclare,
Infants, que j’ai toujours senti Dieu près de moi.
Vous êtes cent contre un ! Pardieu ! le bel effroi !
Fils, cent maravédis valent-ils une piastre ?
Cent lampions sont-ils plus farouches qu’un astre ?
Combien de poux faut-il pour manger un lion ?
Vous êtes peu nombreux pour la rébellion
Et pour l’encombrement du chemin, quand je passe.
Arrière ! »

Arrière ! » Rostabat le Géant, tête basse,
Crachant les grognements rauques d’un sanglier,
Lourd colosse, fondit sur le bon chevalier,
Avec le bruit d’un mur énorme qui s’écroule ;
Près de lui, s’avançant comme une sombre foule,
Les sept autres infants, avec leurs intendants,
Marchent, et derrière eux viennent, grinçant des dents,
Les cent coupe-jarrets à faces renégates,
Coiffés de monteras et chaussés d’alpargates,
Demi-cercle féroce, agile, étincelant ;
Et tous font converger leurs piques sur Roland.

L’infant, monstre de cœur, est monstre de stature ;
Le rocher de Roland lui vient à la ceinture ;