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LA LÉGENDE DES SIÈCLES.

On ne voyage guère en ce val effrayant.
Les songe-creux, qui vont aux chimères bayant,
Trouvent les âpretés de ces ravins fort belles ;
Mais ces chemins pierreux aux passants sont rebelles,
Ces pics repoussent l’homme, ils ont des coins hagards
Hantés par des vivants aimant peu les regards,
Et, quand une vallée est à ce point rocheuse,
Elle peut devenir aux curieux fâcheuse.
Bon Roland, votre nom est venu jusqu’à nous,
Nous sommes des seigneurs bien faisants et très-doux,
Nous ne voudrions pas vous faire de la peine,
Allez-vous-en. Parfois la montagne est malsaine.
Retournez sur vos pas, ne soyez point trop lent,
Retournez.

Retournez. — Décidez mon cheval, dit Roland ;
Car il a l’habitude étrange et ridicule
De ne pas m’obéir quand je veux qu’il recule. »

Les infants un moment se parlèrent tout bas.
Et Ruy dit à Roland :

Et Ruy dit à Roland : « Tant d’illustres combats
Font luire votre gloire, ô grand soldat sincère,
Que nous vous aimons mieux compagnon qu’adversaire.
Seigneur, tout invincible et tout Roland qu’on est,
Quand il faut, pied à pied, dans l’herbe et le genêt,