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LA LÉGENDE DES SIÈCLES.

Toute puissance injuste, inhumaine, usurpée,
Devant ces magistrats sinistres de l’épée ;
Malheur à qui faisait le mal ! Un de ces bras
Sortait de l’ombre avec ce cri : « Tu périras ! »
Contre le genre humain et devant la nature,
De l’équité suprême ils tentaient l’aventure ;
Prêts à toute besogne, à toute heure, en tout lieu,
Farouches, ils étaient les chevaliers de Dieu.

Ils erraient dans la nuit ainsi que des lumières.

Leur seigneurie était tutrice des chaumières ;
Ils étaient justes, bons, lugubres, ténébreux ;
Quoique gardé par eux, quoique vengé par eux,
Le peuple en leur présence avait l’inquiétude
De la foule devant la pâle solitude ;
Car on a peur de ceux qui marchent en songeant,
Pendant que l’aquilon, du haut des cieux plongeant,
Rugit, et que la pluie épand à flots son urne
Sur leur tête entrevue au fond du bois nocturne.

Ils passaient effrayants, muets, masqués de fer.

Quelques-uns ressemblaient à des larves d’enfer ;