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Calme comme le soir
Nemrod rêvait au fond de la cage fermée.
Et les puissants oiseaux, la prunelle enflammée,
Montaient, montaient sans cesse, et volant, furieux,
Vers la chair, le faisaient envoler vers les cieux.

Symbole de nos sens lorsqu’allant vers la femme,
Eperdus, dans l’amour ils précipitent l’âme.

Mais l’amour n’était pas au cœur du dur chasseur.

Isis montrait ce char à Cybèle sa sœur.
Dans les temples profonds de Crète et de Tyrrhène
Les dieux olympiens à la face sereine
Ecoutaient l’affreux vol des quatre alérions.
Même aujourd’hui, l’arabe, à l’heure où nous prions,
Cherche s’il ne va pas voir encore dans l’espace
La constellation des quatre aigles qui passe ;
Et, dans l’Afrique ardente où meurt le doux gazon,
Morne terre qui voit toujours à l’horizon
Nemrod, l’homme effrayant, debout, spectre de gloire,
Le pâtre, si son œil trouve une tâche noire
Sur le sable où vivaient Sidon et Sarepta,
Devient pensif et dit : C’est l’ombre qu’il jeta.