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O tumulte profond des siècles dans la haine !
Abrutissement fauve et fou ! terreur ! géhenne !
Obscurité ! furie à toute heure, en tout lieu !
Sinistre cliquetis de l’homme contre Dieu !
Combattants ! combattants ! sortez des nuits profondes.
Les uns viendront avec des haches et des frondes ;
Des bêtes de la mort faites par l’homme horrible.
Des couleuvres de bronze au cou long et terrible
Souffleront et feront s’envoler à grand bruit
Le cheval, la fanfare et l’homme dans la nuit.
On meurt ! on meurt ! hiboux, corbeaux, noires volées !
Villes prises d’assaut ! ô femmes violées !
O vengeance ! — tuez ! pourquoi ? pour rien. Allez.
Ils tueront. Ils tueront, de massacres essoufflés,
Le riche en son palais, les pauvres dans les bouges,
Et se proposeront, portant des urnes rouges,
D’emplir avec du sang le sépulcre sans fond.
Tuez. Ce que Dieu fit, les hommes le défont.
Bien. O guerre ! ô dragon qui dans l’ombre me lèches !
Le grand ciel est rayé d’un ouragan de flèches !
Bien. Guerre, roule-toi sur les peuples agneaux ;
Noue à l’humanité tes lugubres anneaux ;
Guerre ! L’homme content veux que tu l’extermines.
Détruis ! fais fourmiller les légions vermines.
Mange ! Mange les camps, les murs, les chars mouvants,
Mange les tours de pierre et les ventres vivants ;