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                                   Dans ce lieu morne,
La minute est bourreau, l’heure est épouvantail.

Une horloge apparaît. Au-dessus du portail.
Autour du cadran triste, une chaîne est sculptée,
Cercle affreux, chaîne énorme à lier Prométhée ;
Elle entoure le temps, et, monstrueuse à voir,
Saisit par ses deux bouts, au bas du fronton noir,
Une statue étrange et morne, prisonnière
Qui grince et fait effort pour sortir de la pierre ;
La statue a deux fronts, l’un jeune et l’autre vieux ;
Sur le cadran, rouillé par l’hiver pluvieux,
L’aiguille, résumant dans une heure une vie,
Par la chaîne toujours à tous ses pas suivie,
Part du jeune homme et vient aboutir au vieillard.
Lugubre, elle paraît marcher sous un brouillard ;
On croit voir l’affreux doigt de la bastille sombre
Montrant ce qu’elle fait du prisonnier dans l’ombre,
Et disant - C’est ici que les pas sont tremblants,
Et que les cheveux noirs deviennent cheveux blancs.



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