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Le mal qu’on fait souffrir s’ajoute au mal qu’on souffre ;
« Ta lave au fond des nuits sur toi retombe en soufre ;
« Et toi-même on t’entend par moments l’avouer.
« Le supplice de Tout sur toi vient échouer.
« Tu fais tout chanceler, tout trembler sur sa base,
« Tout crouler, et c’est toi que ton effort écrase ;
« La Terre est sous ton joug, tu règnes à présent.
« Et te voilà sous plus d’épouvante gisant ;
« Te voilà plus difforme, et ton cœur d’airain saigne !

« Mais, Satan, il faut bien qu’à la fin on te plaigne,
« Tu dois avoir besoin de voir quelqu’un pleurer,
« Je viens à toi !

                        Je viens gémir, luire, éclairer,
« T’ôter du moins le poids de la terrestre chaîne,
« Et guérir à ton flanc la sombre plaie humaine.
« Mon père, écoute-moi. Pour baume et pour calmant,
« Pour mêler quelque joie à ton accablement,
« Tu n’as jusqu’à cette heure, en ton âpre géhenne,
« Essayé que la nuit, la vengeance et la haine.
« O Titan misérable, essaye enfin le jour !
« Laisse planer le cygne à ta place, ô vautour !
« Laisse un ange sorti de tes ailes répandre
« Sur les fléaux un souffle irrésistible et tendre.
« Faisons lever Caïn accroupi sur Abel.
« Assez d’ombre et de crime ! Empêchons que Babel
« Pousse