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Les rois sous leur pouvoir, les aigles sous leurs griffes,
Les dogmes ténébreux et noirs, sous leurs pontifes,
Tout ce qui sur la terre à cette heure est debout,
Même les innocents sous leurs pieds, ont partout
Quelque chose de Dieu que dans l’ombre ils écrasent.
Mes flamboiements rampant sous l’univers, l’embrasent.
Je suis le mal ; je suis la nuit ; je suis l’effroi.


VI

Grâce ! pardonne-moi ! rappelle-moi ! prends-moi !
Grâce ! Ne sens-tu pas qu’il faut que toute chaîne
Se rompe, et que le mal finisse, et que la haine
S’éteigne, évanouie en ta sérénité ;
Quoi ; le bien infini, le mal illimité !
Toi le bien, moi le mal ! est-ce que c’est possible ;
Le monde gouverné par un double invisible !
Y songez-vous, Seigneur ; un partage entre nous !
Non, vous êtes la face, et je suis les genoux.
Laissez-moi me plier et tomber, juge immense,
Sur ce pavé des cieux qu’on nomme la clémen