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IV

Ne pouvoir remonter, même quand je le veux ;

Quoi ! les morts repentants s’envolent de leurs tombes
Radieux, les hiboux se changent en colombes,
Les démons pardonnés rentrent au firmament,
Et moi, le spectre noir, je les vois lentement
Blanchir dans la nuit sombre et redevenir anges !
Des astres, fleurs du gouffre, éclosent dans les fanges !
Quoi ! César est parti ; Torquemada s’en va ;
Busiris, dans la cave où le tient Jéhovah,
Distingue une lueur et commence à sourire ;
Nemrod attend ; je viens d’entendre Judas dire,
Dans la geôle où, son crime et moi, nous le lions :
— Je n’ai plus maintenant que quatre millions
De siècles à rester à la chaîne dans l’ombre. —
Que Judas est heureux ! il peut compter un nombre.
Pour tous, pour tous, pour tous l’horizon blanchira.
Caïn, le vieux Caïn, lui-même sortira !
Moi seul, je resterai dans les déserts funèbres.
Horreur sans fond ! Je suis l’éternel des ténèbres.

Je suis le misérable à perpétuité.