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II

                      L’enfer, c’est l’absence éternelle.
C’est d’aimer. C’est de dire : hélas ! où donc est-elle,
Ma lumière ; Où donc est ma vie et ma clarté ;
Elle livre aux regards éperdus sa beauté.
Elle sourit là-haut à d’autres ; d’autres baisent
Sa robe, et dans ses bras s’enivrent et s’apaisent ;
D’autres l’ont. Désespoir !

                                Oh ; quand je fus jeté
Du haut de la splendeur dans cette cécité,
Après l’écroulement de l’ombre sur ma tête,
Après la chute, nu, précipité du faîte
A jamais, à la tombe inexorable uni,
Quand je me trouvai seul au bas de l’infini,
J’eus un moment si noir que je me mis à rire ;
La vaste obscurité m’emplit de son délire,
Je sentis dans mon cœur, où mourait Dieu détruit,
La plénitude étrange et fauve de la nuit,
Et je criai, joyeux, triomphant, implacable :
— « Guerre à ces firmaments dont la lumière accable !
« Guerre à ce ciel où Dieu met tant de faux attraits !