Page:Hugo - La Fin de Satan, 1886.djvu/218

Cette page n’a pas encore été corrigée

Comme un muletier tire une bête de somme.

L’avertisseur public, un avocat de Rome,
Le vieux Némurion Plancus, grammairien
De la loi, que plus tard fit changer Adrien,
Parle et dit ce qu’il faut qu’on évite ou qu’on suive :

Un homme est arrêté par les juifs ; la loi juive
Le condamne ; les juifs peuvent le lapider ;
C’est leur droit ; cela dit, qu’ont-ils à demander ?
La lapidation leur paraît trop rapide ;
Ils veulent qu’on le cloue et non qu’on le lapide ;
Ils viennent supplier qu’on mène l’homme en croix.
Or ceci touche Rome, et César, et ses droits.
Doit-on crucifier l’homme ? voilà l’affaire.
D’où vient que pour ce juif le sanhédrin préfère
A leur supplice hébreu le supplice romain ?
Est-il rebelle ? est-il voleur de grand chemin ?
Cela n’est point prouvé par les juifs : c’est leur culte
Qui semble avoir souffert de l’homme quelque insulte ;
Or jamais un dieu juif ne recevra d’affront
Dont César sentira la rougeur à son front.
Un blasphémateur juif est-il un parricide ?
Ce sanhédrin le dit ; que le préteur décide.
Ces peuples, après tout, respectent le tribun ;
S’ils tiennent à la mort honteuse de quelqu’un,
César clément leur peut accorder cette grâce.