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Pour punir le blasphème a commis dix-neuf juges.
Ces dix-neuf, devant qui l’impie est sans refuges,
Comme Dieu sur l’Horeb sont sur le Gabbatha.

La salle est large et haute. Oliab la sculpta.
La nuit ne sort jamais de ce lieu sans fenêtres.
Une lampe suffit au front blême des prêtres.
Dix-neuf chaises de cèdre, au fond du cintre obscur,
Mêlent leur double étage aux ténèbres du mur ;
On sent que là, vertu, crime, innocence et vice,
Tremblent devant cette ombre humaine, la justice.

La poussière des ans, près du plafond, ternit
Un chérubin ouvrant six ailes de granit.

Les taffilins, nommés par les grecs phylactères,
Couvrent la voûte ; à l’or de leurs saints caractères,
Textes brumeux épars sur des plaques de fer,
La lampe par instant arrache un vague éclair.

Les juges, les voici : huit scribes, tête nue ;
Quatre docteurs qu’emplit la science inconnue,
Ceints du taled, l’esprit hors du monde réel ;
Et, mêlés aux docteurs, sept anciens d’Israël,
Vêtus de blanc, pensifs sous leurs turbans à mitres.