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Il ne revienne ! ô mère ! et, si tu le permets,
Je vais l’emmener, moi ! Ces prêtres sont infâmes !
Manquer sa mission, ne point sauver les âmes,
Que nous importe, à nous les femmes qui l’aimons !
Il sera mieux avec les tigres dans les monts
Que dans Jérusalem avec les prêtres. Mère,
Qu’il renonce au salut des hommes, sa chimère,
Qu’il fuie ! Oh ! n’est-ce pas ? nous baisons ses talons,
Et qu’il vive, voilà tout ce que nous voulons.
Ces juifs l’égorgeront ! Demande à ma sœur Marthe
Si c’est vrai, s’il n’est pas nécessaire qu’il parte.
Laisse-moi l’arracher à son affreux devoir !
Oh ! te figures-tu cela, mère ? le voir
Saisi, lié, tué peut-être à coups de pierre !
O Dieu ! le voir saigner, lui, ce corps de lumière !
Ouvre-moi. Je sais bien qu’il est dans ta maison
Puisque je vois sa lampe à travers la cloison.
O mère, laisse-moi l’implorer pour que vite
Il s’en aille et s’échappe et qu’il prenne la fuite !
A quoi songes-tu donc que tu ne réponds rien ?
Si tu veux, à nous deux, nous le sauverons bien !
Veux-tu te joindre à moi pour arracher notre ange
Au gouffre monstrueux de ce devoir étrange,
Aux bourreaux, à Judas, son hideux compagnon ?

La mère en sanglotant lui fait signe que non.