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Il choisira les forts, il prendra dans sa main
« Ceux qui sont les cerveaux de tout le genre humain,
« Et, fatal, les jetant au glaive froid qui tue,
« Il décapitera la sagesse têtue.
« Pour punir les chercheurs, il n’a qu’à les livrer
« A la fureur de ceux qu’ils voudront éclairer.

« O sages, pour gravir les cieux où sont les Tables,
« Vous hantez les hauts lieux, ces cimes redoutables,
« Que visite l’horreur et que la bise mord ;
« Vous y cherchez le jour, vous y trouvez la mort ;
« Certains sommets fatals ont d’âpres calvities
« Où les hideuses croix, par le meurtre noircies,
« Se dressent, attendant les pâles rédempteurs ;
« Et vous êtes, hélas, trahis par les hauteurs.
« Caïn sur cette terre, où le juste est victime,
« Traître, a laissé de quoi recommencer son crime ;
« L’homme abrège, ô penseurs, vos ans déjà si courts !
« Pour vous assassiner, justes, l’homme a toujours
« Entre les mains assez du premier fratricide ;
« Plus tard, le genre humain, redevenu lucide,
« Vient glorifier ceux que sa rage courbait…
« L’un a bu le poison, l’autre pend au gibet !

« Pensez-vous quelquefois à ce que fait l’archange,
« L’Etre d’en bas ? Il est le Méchant. Il s’en venge ?
« Il prend l’âme, la vie et le jour à revers ;
« Et de sa chute il fait celle de l’univers.
«