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Et désigner à l’Etre un texte, un nombre, un lieu ;
« Homme, qui que tu sois, qui viens faire du feu
« Sous la foudre, allumer ta lampe sous l’étoile,
« Et dire à l’univers sans fond : Lève-toi, voile !
« Qui que tu sois qui prends l’impossible aux cheveux,
« Qui prononces ces mots inutiles : « - Je veux,
« Je sais, je suis, je crois, je sauve, je ranime ; — »
« Qui que tu sois qui dis à l’Etre : « - Allons, abîme,
« Réponds, puisque c’est moi qui t’ai questionné. — »
« Sache que ta folie est sombre, infortuné !

« L’erreur sort du nuage et sans fin se dévide.
« Un rite, c’est un geste au hasard dans le vide ;
« Avortement du chiffre et du mot ! labeur vain
« De la voix pour nommer le prodige divin !
« Trimourti ! Trinité ! Triade ! Triple Hécate !
« Brahmâ, c’est Abraham ; dans Adonis éclate
« Adonaï ; Jovis jaillit de Jéhovah ;
« Toujours au même mot l’impuissance arriva ;
« Toujours le sombre effort des religions tombe
« Dans le même fantôme et dans la même tombe.
« Toutes ces questions : « - Où ? quand ? pourquoi ? comment ?
« Jusqu’où ? » - font le bruit sourd d’un engloutissement.

« Le livre d’en haut dit : — O penseurs, prenez garde !
« Il veut qu’on le contemple et non qu’on le regarde.
« Courbez-vous. L’adoré doit rester l’inconnu.
« Toutes les fois qu’un homme, un esprit, est venu
«