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Ton altesse nous gêne et nous n’y tenons guère.
Roi, ce n’est pas pour voir nos compagnons de guerre
Accrochés à la fourche et devenus hideux,
Qui, morts, échevelés, quand nous passons près d’eux,
Semblent nous regarder et nous faire un reproche ;
Ce n’est pas pour subir ton burg sur notre roche,
Plein de danses, de chants et de festins joyeux ;
Ce n’est pas pour avoir ces pitiés sous les yeux
Que nous venons ici, courbant nos vieilles âmes,
Te saluer, menant à nos côtés nos femmes ;
Ce n’est pas pour cela que nous humilions
Dans elles les agneaux et dans nous les lions.
Et, pour rachat du mal que tu fais, quand tu donnes
Des rentes aux moutiers, des terres aux madones,
Quand, plus chamarré d’or que le soleil du soir,
Tu vas baiser l’autel, adorer l’ostensoir,
Prier, ou quand tu fais quelque autre simagrée,
Ne te figure pas que ceci nous agrée.
Engraisser des abbés ou doter des couvents,
Cela fait-il que ceux qui sont morts soient vivants ?