Page:Hugo - Légende des siècles, Hachette, 1920, 1e série, volume 1.djvu/284

Cette page n’a pas encore été corrigée

Il vit Jean qui, couché sur le sable, dormait.

Car saint Jean n’est pas mort, l’effrayant solitaire ; Dieu le tient en réserve ; il reste sur la terre Ainsi qu’Énoch le Juste, et, comme il est écrit, Ainsi qu’Élie, afin de vaincre l’Antéchrist.

Jean dormait ; ces regards étaient fermés qui virent Les océans du songe où les astres chavirent ; L’obscur sommeil couvrait cet œil illuminé, Le seul chez les vivants auquel il fut donné De regarder, par l’âpre ouverture du gouffre, Les anges noirs vêtus de cuirasses de soufre, Et de voir les Babels pencher, et les Sions Tomber, et s’écrouler les blêmes visions, Et les religions rire prostituées, Et des noms de blasphème errer dans les nuées.