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Ce parapet bordait un tronçon de quai très court et très étroit. Sous le parapet la haute muraille Effroc-stone s’enfonçait à pic dans une eau obscure.

Gwynplaine s’arrêta à ce parapet, s’y accouda, prit sa tête dans ses mains, et se mit à penser, ayant cette eau au-dessous de lui.

Regardait-il l’eau ? Non. Que regardait-il ? L’ombre. Non pas l’ombre hors de lui, mais l’ombre au dedans de lui.

Dans le mélancolique paysage de nuit auquel il ne faisait pas attention, dans cette profondeur extérieure où son regard n’entrait point, on pouvait distinguer des silhouettes de vergues et de mâts. Sous l’Effroc-stone, il n’y avait que le flot, mais le quai en aval s’abaissait en rampe insensible et aboutissait, à quelque distance, à une berge que longeaient plusieurs bateaux, les uns en arrivage, les autres en partance, communiquant avec la terre par de petits promontoires d’amarrage, construits exprès, en pierre ou en bois, ou par des passerelles en planches.