pouvait se voir mille fois nue dans les miroirs au-dessus de sa tête.
Les draps avaient le désordre d’un sommeil agité. La beauté des plis indiquait la finesse de la toile. C’était l’époque où une reine, songeant qu’elle serait damnée, se figurait l’enfer ainsi : un lit avec de gros draps.
Du reste, cette mode du sommeil nu venait d’Italie, et remontait aux romains. Sub clara nuda lucerna, dit Horace.
Une robe de chambre en soie singulière, de Chine sans doute, car dans les plis on entrevoyait un grand lézard d’or, était jetée sur le pied du lit.
Au delà du lit, au fond de l’alcôve, il y avait probablement une porte, masquée et marquée par une assez grande glace sur laquelle étaient peints des paons et des cygnes. Dans cette chambre faite d’ombre tout reluisait. Les espacements entre les cristaux et les dorures étaient enduits de cette matière étincelante qu’on appelait à Venise « fiel de verre ».
Au chevet du lit était fixé un pupitre en ar-