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main. Le secret de toute votre affaire a été gardé, par raison d’état, laquelle est d’une conséquence tellement considérable que les personnes graves, seules informées en ce moment de votre existence et de vos droits, les oublieront immédiatement, si la raison d’état leur commande de les oublier. Ce qui est dans la nuit peut rester dans la nuit. Il est aisé de vous effacer. Cela est d’autant plus facile que vous avez un frère, fils naturel de votre père et d’une femme qui depuis, pendant l’exil de votre père, a été la maîtresse du roi Charles II, ce qui fait que votre frère est bien en cour ; or c’est à ce frère, tout bâtard qu’il est, que reviendrait votre pairie. Voulez-vous cela ? je ne le suppose pas. Eh bien, tout dépend de vous. Il faut obéir à la reine. Vous ne quitterez cette résidence que demain, dans une voiture de sa majesté, et pour aller à la chambre des lords. Milord, voulez-vous être pair d’Angleterre, oui ou non ? La reine a des vues sur vous. Elle vous destine à une alliance quasi royale. Lord Fermain Clan-