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les prisonniers, ce qui aboutissait soit à leur renvoi, soit à leur pendaison, et ce qui s’appelait « délivrer la geôle », goal delivery. Le shériff présentait le bill de mise en cause aux vingt-quatre jurés d’accusation ; s’ils l’approuvaient, ils écrivaient dessus : billa vera ; s’ils le désapprouvaient, ils écrivaient : ignoramus ; alors l’accusation était annulée et le shériff avait le privilège de déchirer le bill. Si, pendant la délibération, un juré mourait, ce qui, de droit, acquittait l’accusé et le faisait innocent, le shériff, qui avait eu le privilège d’arrêter l’accusé, avait le privilège de le mettre en liberté. Ce qui faisait singulièrement estimer et craindre le shériff, c’est qu’il avait pour charge d’exécuter « tous les ordres de sa majesté » ; latitude redoutable. L’arbitraire se loge dans ces rédactions-là. Les officiers qualifiés verdeors, et les coroners, faisaient cortège au shériff, et les clercs du marché lui prêtaient main-forte, et il avait une très belle suite de gens à cheval et de livrées. Le shériff, dit Chamberlayne,