Page:Hugo - L'Homme qui rit, 1869, tome 1.djvu/69

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le docteur Conquest. Sous Charles II, une salivation inhérente à l’opération ayant dégoûté la duchesse de Portsmouth, on conserva la fonction, afin de ne point amoindrir l’éclat de la couronne, mais on fit pousser le cri du coq par un homme non mutilé. On choisissait d’ordinaire pour cet emploi honorable un ancien officier. Sous Jacques II, ce fonctionnaire se nommait William Sampson Coq, et recevait annuellement pour son chant neuf livres deux schellings six sous[1].

Il y a cent ans à peine, à Pétersbourg, les mémoires de Catherine II le racontent, quand le czar ou la czarine étaient mécontents d’un prince russe, on faisait accroupir le prince dans la grande antichambre du palais, et il restait dans cette posture un nombre de jours déterminé, miaulant, par ordre, comme un chat, ou gloussant comme une poule qui couve, et becquetant à terre sa nourriture.

Ces modes sont passées, moins qu’on ne croit pourtant. Aujourd’hui, les courtisans gloussant pour plaire modifient un peu l’intonation. Plus

  1. Voir le docteur Chamberlayne, État présent de l’Angleterre, 1688, 1re partie, chap. 13, p. 179.