Page:Hugo - L'Homme qui rit, 1869, tome 1.djvu/384

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

du garçon réveillé qui l’écoutait. Ursus l’interpella brusquement :

— Qu’as-tu à rire ?

Le garçon répondit :

— Je ne ris pas.

Ursus eut une sorte de secousse, l’examina fixement et en silence pendant quelques instants, et dit :

— Alors tu es terrible.

L’intérieur de la cahute dans la nuit était si peu éclair qu’Ursus n’avait pas encore vu la face du garçon. Le grand jour la lui montrait.

Il posa les deux paumes de ses mains sur les deux épaules de l’enfant, considéra encore avec une attention de plus en plus poignante son visage, et lui cria :

— Ne ris donc plus !

— Je ne ris pas, dit l’enfant.

Ursus eut un tremblement de la tête aux pieds.

— Tu ris, te dis-je.

Puis secouant l’enfant avec une étreinte qui était de la fureur si elle n’était de la pitié, il lui demanda violemment :

— Qui est-ce qui t’a fait cela ?