Page:Hugo - L'Homme qui rit, 1869, tome 1.djvu/306

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Les agenouillés avaient de l’eau jusqu’aux épaules. Le docteur reprit :

Fiat voluntas tua.

— Que votre volonté soit faite, balbutia le provençal.

Et l’irlandaise et la basquaise jetèrent ce cri :

— Deuntar do thoil ar an Hhalàmb !

Sicut in cælo, et in terra, dit le docteur.

Aucune voix ne lui répondit.

Il baissa les yeux. Toutes les têtes étaient sous l’eau. Pas un ne s’était levé. Ils s’étaient laissé noyer à genoux.

Le docteur prit dans sa main droite la gourde qu’il avait déposée sur le capot, et l’éleva au-dessus de sa tête.

L’épave coulait.

Tout en enfonçant, le docteur murmurait le reste de la prière.

Son buste fut hors de l’eau un moment, puis sa tête, puis il n’y eut plus que son bras tenant la gourde, comme s’il la montrait l’infini.

Ce bras disparu. La profonde mer n’eut pas