Page:Hugo - L'Homme qui rit, 1869, tome 1.djvu/234

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

à feu, arrogant, content, la face altière, les cheveux farouches, ivre de toute cette ombre, cria :

— Nous sommes libres !

— Libres ! libres ! libres ! répétèrent les évadés.

Et toute la bande, saisissant des poings les agrès, se dressa sur le pont.

— Hurrah ! cria le chef.

Et la bande hurla dans la tempête :

— Hurrah !

À l’instant où cette clameur s’éteignait parmi les rafales, une voix grave et haute s’éleva à l’autre extrémité du navire, et dit : — Silence !

Toutes les têtes se retournèrent.

Ils venaient de reconnaître la voix du docteur. L’obscurité était épaisse ; le docteur était adossé au mât avec lequel sa maigreur se confondait, on ne le voyait pas.

La voix reprit :

— Écoutez !

Tous se turent.

Alors on entendit distinctement dans les ténèbres le tintement d’une cloche.