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mer, c’est la tourmente de neige. La tourmente de neige est surtout magnétique. Le pôle la produit comme il produit l’aurore boréale ; il est dans ce brouillard comme il est dans cette lueur ; et, dans le flocon de neige comme dans la strie de flamme, l’effluve est visible.

Les tourmentes sont les crises de nerfs et les accès de délire de la mer. La mer a ses migraines. On peut assimiler les tempêtes aux maladies. Les unes sont mortelles, d’autres ne le sont point ; on se tire de celle-ci et non de celle-là. La bourrasque de neige passe pour être habituellement mortelle. Jarabija, un des pilotes de Magellan, la qualifiait « une nuée sortie du mauvais côté du diable »[1].

Surcouf disait : Il y a du trousse-galant dans cette tempête-là.

Les anciens navigateurs espagnols appelaient cette sorte de bourrasque la nevada au moment des flocons, et la helada au moment des grêlons. Selon eux il tombait du ciel des chauves-souris avec la neige.

  1. Una nube salida del malo lado del diabolo.