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Tu n’es pas furieux parce que tu souhaites
Plus d’aube au cygne et moins de nuit pour les chouettes ;
Parce que tu gémis sur tous les opprimés ;
Non, ce n’est pas un fou celui qui dit : Aimez !
Non, ce n’est pas errer et rêver que de croire
Que l’homme ne naît point avec une âme noire,
Que le bon est latent dans le pire, et qu’au fond
Peu de fautes vraiment sont de ceux qui les font.
L’homme est au mal ce qu’est à l’air le baromètre ;
Il marque les degrés du froid, sans rien omettre,
Mais sans rien ajouter, et, s’il monte ou descend,
Hélas ! la faute en est au vent, ce noir passant.
L’homme est le vain drapeau d’un sinistre édifice ;
Tout souffle qui frémit, flotte, serpente, glisse
Et passe, il le subit, et le pardon est dû
À ce haillon vivant dans les cieux éperdu.
Hommes, pardonnez-vous. Ô mes frères, vous êtes
Dans le vent, dans le gouffre obscur, dans les tempêtes ;
Pardonnez-vous. Les cœurs saignent, les ans sont courts ;
Ah ! donnez-vous les uns aux autres ce secours !
Oui, même quand j’ai fait le mal, quand je trébuche
Et tombe, l’ombre étant la cause de l’embûche,