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L’ermite salua le lion. — Roi, pourquoi
As-tu pris cet enfant ? — Parce que je m’ennuie.
Il me tient compagnie ici les jours de pluie.
— Rends-le-moi. — Non. Je l’ai. — Qu’en veux-tu faire enfin ?
Le veux-tu donc manger ? — Dame ! si j’avais faim !
— Songe au père, à son deuil, à sa douleur amère.
— Les hommes m’ont tué la lionne, ma mère.
— Le père est roi, seigneur, comme toi. — Pas autant.
S’il parle, c’est un homme, et moi, quand on m’entend,
C’est le lion. — S’il perd ce fils… — Il a sa fille.
— Une fille, c’est peu pour un roi. — Ma famille
A moi, c’est l’âpre roche et la fauve forêt,
Et l’éclair qui parfois sur ma tête apparaît ;
Je m’en contente. — Sois clément pour une altesse.
— La clémence n’est pas ; tout est de la tristesse.
— Veux-tu le paradis ? Je t’offre le blanc-seing
Du bon Dieu. — Va-t’en, vieil imbécile de saint !

L’ermite s’en alla.