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                           Jeune homme, un dieu te protégea,
Car tu pouvais tuer cette pauvre petite !
Comme les sentiments humains s’écroulent vite
Dans les cœurs gouvernés par le prêtre qui ment,
Et comme un imbécile est féroce aisément !
Loyola sait changer Jocrisse en Schinderhanne,
Car un tigre est toujours possible dans un âne.
Mais Dieu n’a pas permis, sombre enfant, que ta main
Fit cet assassinat catholique et romain ;
Le coup a manqué. Va, triste spectre éphémère,
Deviens de l’ombre. Fuis ! Moi, je songe à ta mère.

Ô femme, ne sois pas maudite ! Je reçois
Du ciel juste un rayon clément. Qui que tu sois,
Mère, hélas ! quel que soit ton enfant, sois bénie !
N’en sois pas responsable et n’en sois pas punie !
Je lui pardonne au nom de mon ange innocent !
Lui-même il fut jadis l’être humble en qui descend
L’immense paradis, sans pleurs, sans deuils, sans voiles,
Avec tout son sourire et toutes ses étoiles.
Quand il naquit, de joie et d’amour tu vibras.
Il dormait sur ton sein comme Jeanne en mes bras ;
Il était de ton toit le mystérieux hôte ;
C’était un ange alors, et ce n’est pas ta faute,
Ni la sienne, s’il est un bandit maintenant.
Le prêtre, infortuné lui-même, et frissonnant,
À qui nous confions la croissance future,