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Et que sur ton sommeil la sinistre nuit vienne
Sourire.

Le poëte est penché sur les berceaux qui tremblent ;
Il leur parle, il leur dit tout bas de tendres choses,
Il est leur amoureux, et ses chansons ressemblent
Aux roses.

Il est plus pur qu’avril embaumant la pelouse
Et que mai dont l’oiseau vient piller la corbeille ;
Sa voix est un frisson d’âme, à rendre jalouse
L’abeille ;

Il adore ces nids de soie et de dentelles ;
Son cœur a des gaietés dans la fraîche demeure
Qui font rire aux éclats avec des douceurs telles
Qu’on pleure ;

Il est le bon semeur des fraîches allégresses ;
Il rit. Mais si les rois et leurs valets sans nombre
Viennent, s’il voit briller des prunelles tigresses
Dans l’ombre,

S’il voit du Vatican, de Berlin ou de Vienne
Sortir un guet-apens, une horde, une bible,