Page:Hugo - L'Année terrible, 1872.djvu/84

Cette page n’a pas encore été corrigée


Si Rome osait risquer ses aigles dans nos landes,
Les Celtes entendaient l’appel guerrier des Vendes,
On battait le préteur, on chassait le consul,
Et Teutatès venait au secours d’Irmensul ;
On se donnait l’appui glorieux et fidèle
Tantôt d’un coup d’épée et tantôt d’un coup d’aile ;
Le même autel de pierre, étrange et plein de voix,
Faisait agenouiller sur l’herbe, au fond des bais,
Les Teutons de Cologne et les Bretons de Nante ;
Et quand la Walkyrie, ailée et frissonnante,
Traversait l’ombre, Hermann chez vous, chez nous Brennus
Voyaient la même étoile entre ses deux seins nus.

Allemands, regardez au-dessus de vos têtes,
Dans le grand ciel, tandis qu’acharnés aux conquêtes,
Vous, Germains, vous venez poignarder les Gaulois,
Tandis que vous foulez aux pieds toutes les lois,
Plus souillés que grandis par des victoires traîtres,
Vous verrez vos aïeux saluer nos ancêtres.